vendredi 28 mars 2008

Ceux qui m'aiment prendront le train

Soirée chez les parents. La famille commence à se rapprocher pour le voyage vers l'Isles sur Sorgue.
Je retrouve ma mère qui m'embrasse un peu plus fort qu'à l'habitude.
On dîne ensemble, on parle des derniers jours de Manou, elle rigolait, blaguait, prenait des nouvelles des enfants.
Puis ensemble nous prenons nos billets de train pour samedi. L'enterrement à lieu à 10h30. On risque d'être juste avec les horaires des trains, mais bon je ne peux me permettre de partir trop longtemps avec le bébé qui pointe son nez.
De retour chez moi l'ambiance à l'appartement est bizarre. Le bonheur vient se mêler à la tristesse. La vie à le goût de la mort. Mais quelle mort au juste ? Certaines sont injustes, subites, d'autres sont attendues de pied ferme. Elle attendait ce moment depuis des années, alors comment ne pas prendre cet évènement comme une délivrance pour celle que l'on a aimé ? Demain je vais enterrer mon arrière grand mère et mon égoïsme qui me poussait à la vouloir toujours près de moi.

L'année dernière elle me raconta qu'avant de mourir son mari lui a promis que de là haut il lui fera signe. Quelques années plus tard, en pleine une nuit, elle entendit des bruits bizarres. Elle habitait à l'époque un mas, longé par un canal entouré de champset de chevaux. Puis ce bruit devenaient plus audible pour devenir des chuchotements. Une voix lui souffla alors ces quelques mots : "Tu sais que je t'aime, tu sais que je t'aime"...
Lorsqu'elle me raconta cette histoire, ces yeux bleues luisaient, sa voix était tremblante. Trente ans après la disparition de son mari, elle était amoureuse comme au premier jour.
A mon tour d'espérer qu'elle me fasse signe.