lundi 3 mars 2008

Un peu plus proche des étoiles

J'ai cru que ça y était, que cette fois-ci tu étais parti le rejoindre. Je m'étais juré que jour-ci je ne serais pas triste. Finalement ton coeur n'a pas perdu raison et tu es encore là. J'ai parfois honte de cet égoïsme qui m'empare, celui de te savoir encore les pieds sur Terre. Certes tu n'es pas toute proche, mais je ne peux m'imaginer que, comme tout Homme, tu n'es pas immortelle. J'aurais aimé que tu le sois... Toi du haut de tes 98 ans tu es encore amoureuse. Belle et amoureuse de celui qui est parti avant que je naisses et qui depuis, me dis-tu, t' envois des signes. Tu as hâte de partir et au fond je te comprend. Plus de 30 années à penser chaque matin à lui sans pouvoir le toucher, est devenu pour toi une véritable souffrance. Alors partir quand il encore temps, je te le souhaite même si ton absence me manquera plus que tout.
Manou, J'ai toujours eu peur de ne pas dire les choses lorsque les gens sont encore là pour les entendre alors, le jour de tes 95 ans, je t'ai confié, face à toute la famille, que si j'avais eu un demi siècle de moins, je t'aurais épousé. C'est la seule façon que j'ai trouvé pour te dire tout l'amour que je te porte. Certain on pu être surpris, toi tu as compris. Merci.
Merci de m'avoir conté ta vie. Celle des année 30, où tu parcourais à travers les rue de Paris la scène du Moulin Rouge, les soirées de gala... toujours accompagné de ton saxophone. Ton amoureux n'était jamais bien loin. "Des rendez-vous", n'importe où, n'importe quand, c'était ça ta recette du bonheur, savoir se surprendre sans cesse. Je buvais tes paroles à n'en plus finir. Tes conseils je les garde tel un trésor. Tu sais, si j'avais voulu un jour me marier, la première raison qui m'aurait pousser à le faire, aurait été de te voir jouer, comme tu l'as fais en 1993 au mariage de ta petite fille. Tes doigts agiles glissaient sur le cuivre rutilant, ton souffle fit raisonner la vie en rose, et l'on fut tous emportés.
Moi, l'aîné des arrières petits enfants, j'arrive un peu tard pour admirer tout ton talent, bien que la fois dernière ou l'on s'est vu, c'était l'été dernier, tu as pris la direction de ton piano, et tu t'es mise à jouer divinement. La gorge serrée, ma main posée sur ton épaule ténue, j'ai essayé en vain de faire fuir mes larmes. Le temps était comme suspendu.
Bientôt je vais te donner ton arrière arrière petit fils, je ne sais pas si tu auras la force de tenir d'ici là, mais qu'importe, je ne t'en voudrais pas. Là haut quelqu'un t'attend depuis bien longtemps.